Abdelhamid Hergal


L'Intelligence dans le Jeu

Il a été un footballeur doué et un véritable gentleman. Son rayonnement a été évident et sa longévité sportive impressionnante. Ainsi peut-on définir Abdelhamid Hergal, ce joueur doué qui a compensé unemorphologie très moyenne par un talent immense et une motivation invariable qui l'ont maintenu dans la compétition seize ans durant. Seul le palmarès est demeuré dérisoire tant au ST qu'en Equipe de Tunisie pour des raisons qui dépassent sa volonté.

Né à Tunis le 27 janvier 1959, Abdelhamid Hergal a aimé dès son enfance le football et son ambiance, occupant ses heures de loisir avec des matches de quartier. Quand il s'est rendu compte que ceux qui portaient les couleurs du Stade Tunisien n'étaient pas jplus doués que lui, il signa, à quinze ans, sa première licencecontre l'avis de son père et grace au soutien deson frère ainé. Il se distingua d'emblée par sa vitalité, ses dribles déroutants et son sens du but. Lesnostalgiques eurent, alors, une pensée pour Diwa et Lahmar qui avaient enthousiasmé, chacunen son temps, les supporters stadistes. Et c'est très logiquement que le jeune Hergal se retrouva au sein de la sélection junior lors dela Coupe du Monde organisée par la Tunisie en 1977. le premier match est uncauchemar : six buts à zéro face au Mexique. La suigte est moins catastrophique avec une réaction courageuse face à la France puis à l'Espagne.

En 1977-78, débute alors sa carrière parmi les seniors du Stade Tunisien lors d'un match face au SRS. Le jeune ailier droit est confronté à une apre concurrence : Naceur Kerrit et Abderrazak Limam. Il finit par s'imposer. Le 17 septembre 1978, Hergal participe à son premier grand derby face à l'Espérance inscrivant meme l'unique but du match. Il a le sentiment que la route de la gloire est tracée. Le Stade Tunisien obtient son meilleur classement depuis le dernier sacre en 1965, deuxième à un seul point du CA. Six mois plus tard, il dispute son premier match international face à Cannes (1-0), devenant ainsi le premier joueur de l'équipe junior de 1977 à intégrer l'Equipe de Tunisie. Cette union durera douze ans et demi avec son lot de joies et de déceptions. Son premier match officiel est sanctionné par une très difficile victoire sur la Libye aux éliminatoires des J.O (1-0), suivie d'une déroute à Tripoli (0-3). A Split, Hergal ne connait pas une meilleure réussite lors des Jeux Méditerranéens de 1979, si bien qu'il s'interroge sur ses chances de vivre les sensations qu'ont connues ses ainés. La réponse viendra à Lagos le 12 juillet 1980 quand la Tunisie échoue dans sa tentative de briguer un nouveau "Mundial".

En 1980-81, Hergal ne dispute aucune rencontre internationale officielle, se contente avec le Stade Tunisien de la sixième place au Championnat et d'une finale de coupe face à l'Etoile. L'occasion de mettre fin à une disette de quinze ans et d'enlever un premier trophée n'a pas été saisie malgré le but précoce de Belhoula. L'ailier droit opère alors graduellement une mutation devenant le patron de l'entrejeu d'autant que Hichem N'cibi s'est affirmé comme un digne successeur sur le flanc droit. Le retour de Néjib Limam en 1981 permie à Hergal de bénéficier d'un éventail technico-tactique très précieux. Le Stade Tunisien en tire quelques dividedes : quatrième en championnat et un festival offensif devant le SRS (6-1). La méthode Nagy contrarie, toutefois, le joueur qui souhaite plus de liberté pour donner libre cours à son imagination. La relation devient, parfois, tendue, Hergal ayant décelé chez son entraineur une tendance à robotiser les joueurs et une conception très personnalisée du football. Le joueur concède, sans le vouloir, et se soumet à certaines exigences du football moderne à base de mobilité et de rapidité. Le ST s'en porte mieux et frole un titre longtemps convoité : il termine ex-aequo avec le CAB en 1983-84 et concède le titre en question par goal-difference de l'aller. La déception est énorme et la décompression aussi : 6ème place en 1984-85 à treize points du champion sang et or. Pour Hergal, l'Equipe de Tunisie est, désormais, la seule à pouvoir lui procurer quelques compensations.

En effet, depuis avril 1983, le stadiste est devenu l'un des piliers du onze national mais la performance tarde à venir : élimination au dernier tour de la CAN 84 par l'Egypte, fiasco sportif et extra-sportif aux J.M. 1983 et élimination au dernier tour du Mundial 86 par l'Algerie. Hergal s'est retrouvé, à chaque fois, frustré par les insuffisances de l'Equipe de Tunisie dès qu'elle avancait dans chacune de ces épreuves. Il se console d'avoir été le seul à rivaliser avec les Algérierns lors de cette mémorable double confrontation d'octobre 1985 (1-4 et 0-3). Hergal doit donc se contenter au Stade Tunisien, comme en Equipe de Tunisie, de quelques marques d'admiration, sans plus.

Le meme scénario se reporduira souvent, amenant le joueur à se rendre à une certaine fatalité. Mais l'homme n'a qu'un souci : demeurer fidèle au football et à ses aspirations d'origine. Il se maintient à un degré de forme très satisfaisant, obtient à trente ans le titre de meilleur buteur, à trente et un ans le Soulier d'or et une deuxième finale avec le Stade Tunisien, mal négociée face à l'ASM, malgré les faveurs du pronostic.

Il est vrai que l'international stadiste s'est montré à son avantage lors de la deuxième moitié de sa carrière. Après sa démonstration face à la Bulgarie le 29 aout 1986 et son doublé dont un lobe magistral des quarante mètres, il revit la meme désillusion en Coupe du monde en butant sur le grand Cameroun et J. Antoine Bell au dernier tour en novembre 1989. Néanmoins, il prend un avant-gout du Mondial Italien en surprenant, le 2 juin 1990 à El Menzah, les Anglais et leur gardien Shilton d'un tir lobé des quarte cinq mètres environ (1-1). La suite de sa carrère internationale se limitera à une rencontre amicale face à la Turquie (0-0) en mar's 1990 puis à trois rencontres officielles face au tchat (2-1) et à l'Egypte (2-2 et 2-2) lors des éliminatoires de la CAN 1992. Le 26 juillet 1991 prit donc fin une carrière internationale avexc le respectable bilan de soixante dix rencontres et douze buts.

Après un bref intermède au club omanais du Sour, Hergal retrouve le ST sans nouvrrir d'ambitions démesurées. Il dispute, néanmoins, sa troisième finale de coupe, laissant des plumes, cette fois-ci, devant le champion clubiste. La frustration le pousse jusqu'à l'infidélité : il signe une licence à l'Espérance avec l'espoir de vivre des sensations fortes. Le joueur connait des difficultés d'accommodation et découvre que l'homme qui n'est pas dans son caractère est fragilisé. Il dispute quelques rencontres avec plus ou moins de réussite et de bonheur et partage avec les joueurs et le public de l'Espérance son premier couronnement national. Meme le titre arabe remporté par le ST à Jeddah en septembre 1989 (Coupe des vainqueurs de coupe) ne l'a pas impliqué jusqu'au bout : Hergal dut écourter sa participation, pour rejoindre en compagnie de M'hadhebi l'Equipe de Tunisie en prévision de Cameroun-Tunisie.

L'ironie du sport a donc décidé qu'un joueur soit sevré ldes récompenses durant quatorze ans, lorsqu'il a été dans la force de l'age et qu'il soit couronné au crépuscule de sa carrière grace plutot à l'apport d'un club dominateur.

Mais Hergal tire sa principale fierté du sens qu'il a donné à son parcours, celui d'un joueur très doué ayant une technique quasi parfaite et une maitrise du terrain qui a débouché sur une grande clairvoyance. Son registre d'attaquant de soutien est sans doute à l'origine de sa longévité sportive. Son art du dribble et du contre-pied, sa démonstration des crochets et des tirs à distance ainsi que sa vélocité et sa maitrise de la dernière passe sont les autres attouts de ce joueur sérieux, humble qui a pu consoler de l'abandon de ses études (il a échoué au bac) par une réussite sportive incontestable.

Mais seul, il n'aurait pas réussi. C'est pourquoi il évoque avec reconnaissance et considération ses dirigeants (H. Enneifer, S. Damergi, K. Enneifer, M. Achab et H. Keffala). Il porte en grande estime les arbitres Boudabbous, Mimouni et Jouini ainsi que les joueurs Agrébi, Mohieddine, Ghommidh, Limam, Tarak, Ben Yahia et H'soumi. Et il ne cache pas son admiration pour ses ainés Diwa, Farzit et Chaibi.

Des centaines de matches qu'il a disputés, Hergal retient surtout la victoire sur le CA par 4-0 en 1984, le nul (2-2) face à l'Espérance en 1990, la victoire sur l'ESS (2-1) à Sousse en 1983 et enfin le 6-1 face au SRS. En Equipe de Tunisie, les matches face à la Bulgarie (3-3), au Maroc (1-0) en 1988 et l'Angleterre (1-1) en 1990 ne peuvent désintégrer sa mémoire. Si ses meilleurs souvenirs sont d'ordre individuel (Soulier d'or en 91, meilleur buteur en 90), ses mauvais souvenirs concernent les désillusions collectives : trois finales infructueuses, deux titres ratés de peu, deux échecs au dernier tour de la Coupe du Monde, une Couped du Monde junior en decà de ses espérances. Hergal n'a pas été servi par la chance ni par les perspectives d'une carrière profesionnelle pour évoluer conformément à son talent. Toutefois, quand il fait son propre bilan, il le juge satisfaisant malgré l'aversité.

Quant aux joueurs tunisiens qui l'ont conquis depuis qu'il a acquis une maturité footballistique, ils s'appellent Agrébi, Mohieddine, Ghommidh, Tarak et Bayari. Et ce n'est pas un hasard si ces cinq joueurs ont évolué lors de l'age d'or du football tunisien.

Hergal a eu trois idoles : Pelé, Cruyff et Plantini mais il a été également émerveillé par Fachetti, Keegan, Van Baste, Maradona, Careca, Maldini et, également, Madjer qu'il a croisé à maintes reprises sur le terrain.

Aujourd'hui, Abdelhamid Hergal gère avec réussite un projet commercial tout en disputant, par intermittence, quelques rencontres symboliques. Histoire de remercier le ballon rond de lui avoir offet l'occasion de s'accomplir et de recueillir une considération qu'il croit méritée et justifiée.

Elu membre du bureau féderal sous la présidence de Taher Sioud il occupe le poste de chef de delegation et 1er responsable de l'équipe de Tunisie 2008
 




Créer un site
Créer un site